Il n’y aurait pas de loi DALO s’il n’y avait pas eu, il y a vingt ans, une mobilisation des associations réunies dans une « Plateforme DALO ». Les parlementaires détiennent, par leur élection, la légitimité et le pouvoir de voter la loi, mais la démocratie doit se nourrir du dialogue entre les élus et les forces vives du pays. Parce qu’elles agissent au quotidien pour porter assistance, créer du lien social, promouvoir l’accès au droit, accompagner l’insertion, les associations sont légitimes pour porter des propositions et même, des revendications.
En 2007, elles ont été entendues. S’appuyant sur les travaux du Haut comité pour le logement des défavorisés, s’imposant dans l’actualité médiatique grace à l’action des Enfants de Don Quichotte, la Plateforme DALO a su convaincre les politiques de rendre le droit au logement opposable. Depuis l’entrée en vigueur de la loi, nos associations restent mobilisées pour son application, accompagnant les demandeurs dans les procédures de recours et interpellant les pouvoirs publics sur les défaillances constatées.
Cependant nous nous heurtons à un environnement politique de plus en plus hostile. La politique du logement de ces dernières années a mis à mal la production de logements sociaux et de logements abordables. Le droit au logement est occulté dans les discours, et même parfois contesté, au point qu’on ait vu un ancien ministre du logement se réjouir de l’augmentation du nombre d’expulsions locatives. On met en opposition ceux qui ont un logement social et ceux qui sont sur la liste d’attente, les français et les étrangers, les classes moyenes et les ménages pauvres, les travailleurs essentiels et ceux qui ne le seraient pas.
Le droit au logement est un droit pour tous : en confiant à l’État la garantie du droit au logement, la loi DALO exige qu’il s’assure, sur tout le territoire, de la mise en adéquation de l’offre de logements avec les besoins de la population, sans exclusive. On ne répondra pas aux besoins des uns en sacrifiant ceux des autres.
Dans ce contexte, les associations ont à nouveau besoin de se faire entendre dans le débat public. Aux discours de division elles doivent répondre par celui de la cohésion sociale. Face à l’individualisme elles doivent porter l’exigence de la solidarité. Contre la haine et la peur de l’autre, elle doivent défendre la fraternité. Aux inégalités sans bornes, elles doivent opposer la justice. Face à la tentation autoritaire, elles doivent tenir haut le drapeau des droits fondamentaux : sans eux, il n’y a pas de démocratie.
L’histoire de la loi DALO nous a appris que, lorsqu’elles portent un message commun, un message clair, les associations peuvent être entendues de nos concitoyens et, par eux, influer sur la décision politique.
Bernard Lacharme
Président de l’Association DALO